Andrée Sibret : « On sent que les gens ont besoin de nous. C’est pour ça qu’on perdure dans le métier. »
Joviale, aimant les couleurs vives, Andrée chante dans une chorale. Cette jeune pensionnée a travaillé à l’OAFL pendant 33 ans, à Houffalize puis à La Roche. Elle évoque le rôle fondamental de l’aide familiale et les avantages de ce « métier d’avenir ».
Racontez-nous vos débuts à l’OAFL
Au départ, on allait plus dans les familles, avec plusieurs enfants, où les mamans étaient débordées. On faisait le ménage, le repassage. On mangeait avec eux à midi. On s’occupait des bébés. On faisait les devoirs avec les enfants. Parfois, on réalisait des pâtisseries. Il y avait beaucoup de travail à faire. On courrait moins. Aujourd’hui, on s’occupe principalement des seniors et l’on doit effectuer beaucoup de tâches sur 2 ou 3 heures.
Vous dites souvent qu’aide familiale est un métier d’avenir…
Il faut valoriser la profession. Certains jeunes préfèrent être aides-soignants, pourtant dans les homes ce n’est pas un travail facile ; ils n’ont pas le temps de s’occuper des personnes, de créer des liens.
Le métier d’aide familiale est plus varié car on change de famille, on fait des tâches différentes. Notre rôle est d’accompagner les personnes. On écoute, on discute. Parfois, les bénéficiaires nous disent plus de choses qu’à leur famille parce qu’ils nous font confiance et ne veulent pas tracasser leurs enfants.
On a aussi un rôle de prévention. On peut suggérer des solutions pour améliorer la vie des patients : « Est-ce qu’on n’arrangerait pas la maison autrement ? » On fait en sorte que les gens puissent rester le plus longtemps possible chez eux. C’est un métier important puisqu’on vit de plus en plus âgé et que les homes sont chers. Les personnes aiment rester le plus longtemps possible chez elles.
Qu’est-ce qui vous a permis de rester passionnée durant toutes ces années ?
Un jour, une dame âgée m’a dit en me voyant arriver : « Ah Andrée, vous êtes là ! Mais quelle belle journée ! » à ce moment-là, ça vous rebooste fameusement.
On sent que les gens ont besoin de nous. Ils nous disent : « Heureusement qu’on vous a ! » C’est pour ça qu’on perdure dans le métier. Sans nous, les familles seraient bien embêtées car les enfants ne peuvent plus s’occuper de leurs parents. C’est pour ça que c’est un métier d’avenir.
Comment l’OAFL a-t-elle évolué ?
Nous sommes de plus en plus nombreuses ; l’OAFL a pris de l’ampleur. Je trouve qu’il y a encore beaucoup d’humanité dans notre travail. On est à notre écoute. Beaucoup de choses ont été mises en place pour que ça reste fort humain et fort familial.
L’OAFL en 3 mots :
Humanité : pour nous et quand on va à la rencontre des personnes
Sécurité d’emploi : lorsqu’on fait son travail convenablement
Service, soutien : à l’OAFL, il y a toujours quelqu’un pour vous aider et essayer de trouver une solution.
Si vous deviez résumer vos 33 années à OAFL
C’étaient des belles années. On a parfois des moments de doute car il y a des situations difficiles. Mais c’est un beau métier. Le contact avec les gens, c’est ça qui est chouette aussi dans notre travail. D’ailleurs, j’ai hésité à prendre ma pension cette année. Je me suis vraiment tâtée pour savoir si j’allais continuer…
Quelle a été la réaction des familles quand vous avez annoncé que vous preniez votre pension ?
Des bénéficiaires m’ont dit : « Tu nous quittes ? » « Tu ne veux plus nous voir ? » « Qu’est-ce que tu vas faire alors ? » C’est une page qui se tourne. Les gens s’attachent à nous aussi. Un monsieur de 98 ans, qui aimait bien que je vienne, m’a dit : « Alors, j’irai au home. » Je lui ai répondu : « Mais non, d’autres aides familiales viendront vous aider. » C’était émouvant.
Recommanderiez-vous les services de l’OAFL à vos proches ?
Oui, parce que, pour ma maman, j’étais rassurée. Je savais que l’on s’occupait bien d’elle parce que c’est un service qui marche bien et que c’est humain. Si un souci de santé devait m’arriver, je n’irais pas chercher autre part. Mais j’espère quand même que ce sera le plus tard possible.